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 Le pianiste Jean-Pierre Collot a étudié au CNSM de Paris et obtenu les premiers prix de piano et de musique de chambre dans les classes de Jean-Claude Pennetier et de Christian Ivaldi avant de se perfectionner auprès de Jean Koerner au sein de la classe d'accompagnement au piano. À travers l'enseignement de professeurs tels que Elena Varvarova, Evgueni Malinine ou Rudolf Kerer et une attirance profonde pour l'histoire de l'interprétation, la tradition russe exerce également sur lui une influence déterminante.

 

Fils des peintres Gérald Collot et Marthe Hamue, il grandit dans une atmosphère artistique riche et intense – on croise à la table familiale des personnalités aussi diverses que les peintres Jean Bazaine, Alfred Manessier, Pierre Tal-Coat, le tisserand Jean Plasse ou le comédien Jean Dasté. Une visite faite, enfant, à la phonothèque de musique contemporaine de Metz, sa ville natale, lui ouvre les portes d'un monde inconnu : c'est la révélation de la musique électronique de Karlheinz Stockhausen avec Kontakte, suivie bientôt par le choc du Chant des adolescents. Metz est, dans les années 70 et 80, une ville tournée vers le futur : les créations musicales y sont nombreuses, l'auteur Philipp K. Dick y prononce une conférence fameuse. Tout naturellement, Jean-Pierre Collot explore le monde de la musique contemporaine : de 1993 à 2003 il se produit ainsi avec de nombreux ensembles parisiens tels que l'Ensemble Intercontemporain, l'Ensemble Fa et TM+.

 

En 1999, il entame une longue et fructueuse collaboration avec l'Ensemble Recherche en créant à la Radio de Cologne le Concerto op. 22 de Stefan Wolpe sous la direction d'Emilio Pomàrico. De Jusqu'en 2017, il est membre de cet ensemble de musique de chambre allemand avec lequel il parcourt le monde entier, donnant concerts et masterclasses. Parallèlement, il se produit en soliste sous la direction de Pierre Boulez, Kent Nagano, Peter Rundel, Lucas Vis... Il collabore étroitement avec Hans Abrahamsen, Hugues Dufourt, Helmut Lachenmann, Salvatore Sciarrino et de nombreux compositeurs de la jeune génération.

 

Jean-Pierre Collot a effectué de nombreux enregistrements discographiques consacrés à Arnold Schönberg, Erich Itor Kahn, Stefan Wolpe, Hans-Werner Henze, Karlheinz Stockhausen, Hugues Dufourt, Wolfgang Rihm, Hans Abrahamsen, Brice Pauset, Hector Parra...

 

En 2016 paraît chez Winter & Winter (Munich) l'album solo Universe, salué par la critique, qui met en perspective  Salvatore Sciarrino et Claude Debussy ("Un album ébouriffant de virtuosité et de magie sonore", Sueddeutsche Zeitung, "La meilleure interprétation des sonates de Sciarrino", American Record Guide). En 2019 un nouvel album, Espaces imaginaires, est consacré à l'œuvre pour piano de Jean Barraqué, avec les premières mondiales, au disque, de sept pièces inédites, d'une transcription de Wagner et de la version révisée de la Sonate.  Jean-Pierre Collot poursuit la confrontation d'espaces sonores divergents en 2020 avec l'album Spectral Visions of Goethe qui propose un parcours labyrinthique à travers le cycle Schubert-Goethe du compositeur Hugues Dufourt (An Schwager KronosRastlose LiebeMeereesstilleErlkönig) et les transcriptions des Lieder éponymes de Franz Schubert par Franz Liszt et Carl Czerny.

En septembre 2022 paraît Marche fatale, un quatrième album fortement ancré dans l’actualité et invitant à une relecture de la Symphonie Pastorale à la lumière de deux œuvres de Helmut Lachenmann.

 

Jean-Pierre Collot a donné des masterclasses et des conférences sur l'interprétation en Russie, Ouzbékistan, Géorgie, en Ukraine, en Israel, en Chine, en Amérique du Sud et aux Etats-Unis ainsi qu’en divers pays européens et enseigné jusqu'en 2017 dans le cadre de l'académie d'été organisée conjointement par l'Ensemble Recherche et l'Orchestre baroque de Freiburg. De 2019 à 2021, il entame avec la compositrice Isabel Mundry et les classes de composition des Hochschulen de Munich et de Zurich une réflexion sur la nuance et sa représentation intérieure chez l'interprète qui le conduit naturellement à mener, avec le soutien du Deutscher Musikrat, sur l’espace intérieur de représentation du timbre, sur l’interprétation musicale d'œuvres d'art plastique et plus généralement sur les notions d’espaces intérieur et extérieur en musique et en arts plastiques.

 

Interroger la nature profonde de l’interprétation et chercher à comprendre de quoi celle-ci se nourrit : cette question se retrouve en filigrane dans un ouvrage paru au printemps 2020, édité et traduit (du russe et de l'allemand) par Jean-Pierre Collot aux Éditions Contrechamps: 

Maria Youdina – Pierre Souvtchinsky : Correspondance et documents (1959-1970). Le livre, qui propose l'intégralité des lettres connues à ce jour que l'immense pianiste russe a échangées avec ses correspondants occidentaux, enrichies de nombreux documents littéraires et sonores, est le fruit d'un long travail de recherches dans les archives de Paris, de Bâle et de Moscou. 

 

Jean-Pierre Collot vit actuellement à Munich.